La région des hauts plateaux du Centre s'étend entre la mer de Chine du Sud et le bassin du Mékong au Laos et au Cambodge. Formée de hauts plateaux et de massifs montagneux, cette zone, connue sous le nom de Chaîne Sud-Annamitique, s'élève depuis la côte en une muraille abrupte de montagnes brumeuses. Ces montagnes surplombent des plaines fertiles et s'étendent en une série de plateaux bosselés, couverts de broussailles et de marais. Des volcans éteints, enveloppés de forêts denses, parsèment le paysage, traversés de rivières impétueuses.
Au nord, les contreforts méridionaux du Ngoc Linh délimitent la région avec une série de massifs et de plateaux étagés. À l'est, des massifs maritimes bordent la côte avec des terrasses sablonneuses et des embouchures de rivières. À l'ouest, l'altitude diminue progressivement vers les plateaux gréseux du Môle cambodgien, séparant le haut plateau du bassin du Mékong.
Avant les années 1950 et les guerres d'Indochine, la région des hauts plateaux était sauvage et difficile d'accès, couverte de forêts denses, de savanes, de marécages, de dunes et de mangroves. Jadis habitée par les Proto-Indochinois, Austronésiens et Austro-asiatiques, la région abritait une trentaine de groupes ethniques, vivant dans un entrelacement de massifs, de plateaux basaltiques, de savanes et de forêts.
Les Katu, Bru, Ro Man, O Du, et Brau occupaient le nord, suivis par les Sedang, Jeh, Rengao et Hre. Plus au sud, les Bahnar, Hroi, Jaraï, Edé, Mnông et Bih peuplaient le centre, tandis que les Cau Maa', Coho (Sre) et Stieng occupaient le sud. Au 2e siècle, des peuples malayo-polynésiens s'installèrent dans les savanes côtières et progressèrent vers les montagnes, établissant des liens avec les Cham, fondateurs de petits royaumes marins indianisés le long des côtes.
Les premiers missionnaires catholiques arrivèrent en 1850, s'installant auprès des Bahnar. Le père Dourisboure, resté 35 ans dans la région, y construisit la magnifique église en bois de Kontum, un chef-d'œuvre architectural avec son toit pointu rappelant les maisons communales traditionnelles et son clocher de plus de 20 mètres.
Après les missionnaires, de nombreux aventuriers français explorent la région au 19ème et au 20ème siècle. Le plus flamboyant est certainement David de Mayrena, un ex-officier chez les Spahis, qui est envoyé par les autorités coloniales dans les terres hostiles du haut plateau afin d’essayer de créer une ligue des minorités ethniques bahnar, jaraï, et se-dang pour contrer les invasions siamoises. Il s’y taillera un royaume et se fera élire roi des Sédang (les plus redoutables et les plus belliqueux de tous les Moïs qu’il fédère), sous le nom de Marie Ier.
Le docteur Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste et installé à Nha Trang, explore les Hauts Plateaux et fonde avec l’aide du gouverneur Paul Doumer la station climatique de Dalat. Plus récemment, Jean Boulbet, l’inclassable coureur des bois, découvre en 1946 les « Cau Maa », population proto-indochinoise encore insoumise qui avaient refoulé l’expédition d’Henri Maître en 1910, auprès desquels il nourrira ses recherches pendant plus de quinze ans.
Bénéficiant de terres fertiles et d'un climat tempéré, le haut plateau est devenu célèbre pour ses plantations de café, de thé, de noix de cajou et de poivre. Le café, star du terroir, est un secteur clé de l'économie vietnamienne, représentant 3 % du PIB national. Le Vietnam est le deuxième producteur et exportateur mondial de café robusta. La région s'est également ouverte au tourisme, offrant des paysages naturels époustouflants, des villages de minorités ethniques et des vestiges culturels. Les montagnes, jungles et chutes d'eau attirent les voyageurs en quête d'aventure et de découvertes.