Les anciens marais de Dak Lak, situés dans la région des hauts plateaux du Centre du Vietnam, représentent un écosystème unique et fascinant. Formés dans une dépression géologique entourée de montagnes et de collines volcaniques, ces marais se sont développés grâce aux précipitations abondantes et aux rivières telles que les Krông Knô et la Krông Ana. La géologie de la région, dominée par des roches basaltiques et andésitiques, a créé des sols alluviaux riches en matière organique, favorisant une grande diversité végétale.

En des temps plus anciens la singulière région des marais du sud Dac Lac ceinture le moyen et bas Krông Ana et une partie du bas Krông Knô (rivières Femelle & Mâle). Elle est constituée de savanes inondées, de pans de forêts-basses, de lacs et de marais aux contours incertains, étendues mouvantes et vaporeuses, recouvertes d’herbes géantes, de nénuphars, lotus, bambous et roseaux ; résidence impénétrable de crocodiles, tigres, gaurs, éléphants, rhinocéros-unicornes, varans, pythons et de moult espèces d’oiseaux aquatiques. A partir des années 1960, les marécages sont drainés, aménagés en rizières ou terrains constructibles et couvrent désormais moins d’un dixième de la surface originaire. Reste quelques parages miraculeusement préservés dont l’Ea Boune, l’Ea Tyn et l’Ea R’Bine, trois lacs naturels, déversoirs de la façade nord-ouest du massif de Nam Kaa, aux rives dominées par l’orée de la vieille forêt des monts Chu Pangon et Chu Yi Yang (Mont de l’Esprit Yi), témoins oubliés et réminiscence de cette légendaire contrée lacustre. Pour les communautés autochtones, notamment les Rhadé (Ede) Ê Đê et les Mnông M'Nông, les marais de Dak Lak étaient d'une importance vitale. Ces peuples vivaient en harmonie avec cet environnement, pratiquant la pêche, l'agriculture sur brûlis et utilisant les ressources naturelles pour l'artisanat et la médecine traditionnelle. Les marais offraient des ressources abondantes pour l'agriculture, notamment la culture du riz flottant, et la pêche fournissait une source essentielle de nourriture et de revenus.

Conscients de l'importance écologique et culturelle de ces marais, des efforts de conservation et de restauration ont été initiés. Des projets de reboisement, de gestion durable de l'eau et de création de réserves naturelles visent à préserver la biodiversité et les services écosystémiques des marais. Les anciens marais de Dak Lak constituent un patrimoine naturel précieux du Vietnam. Leur protection et leur gestion durable sont essentielles pour préserver leur valeur écologique et culturelle pour les générations futures.