Perché sur les flancs septentrionaux du massif du Phu Ta Ca, également connu localement sous le nom de massif des Trois Fées, Seo Lung est un village isolé couvert d’une épaisse jungle tropicale à une altitude moyenne de 1200 mètres. Ses habitants, appartenant au sous-groupe Hmong blanc, vivent dans une soixantaine de maisons basses et enfumées, construites à même le sol et à flanc de montagne, parfois sur des arêtes rocheuses.
Seo Lung s’étend d’une façon longitudinale à flanc de montagne ; vers le sud-est le site est surplombé par les falaises brumeuses des faces nord du Phu Tha Ca, au septentrion il fait face aux gorges encaissées de la rivière Ca et aux contreforts méridionaux du Vang Pao, mont calcaire majestueux, limite sud du Géoparc de Dong Van. En haute-saison des pluies (fin juillet-fin octobre) en surgissent cinq cataractes blanchâtres conférant ainsi au site un aspect dramatique et spectaculaire : hautes chutes parallèles bordées de bois-noirs, plongeant dans les brumes délétères des gorges de la rivière Ca.
Le village de Seo Lung est composé d’une soixantaine de famille du sous-groupe hmong blanc. Les maisonnées sont construites à même le sol et à flanc de montagne, parfois sur des arêtes rocheuses. Elles sont séparées par de petites plantations de bambou et de chanvre, ou par des broussailles éparses, d’étroites sentes les reliant entre-elles. Les maisons y sont basses et enfumées, construites en planches, coiffées de tuiles ou de tôles, parfois de bambou ; elles sont constituées d’une pièce principale, d’une cuisine intérieure et/ou extérieure et de deux ou trois alcôves suivant les cas ; y séjournent des clans patrilinéaires et à l’origine animistes. Les soirées sont longues et parfois dédiées à l’écoute d’épopées narrées par les anciens ou le chaman, personnage respecté et assez effrayant. Les enfants du village vont à l’école, petite structure centrale en partie rénovée sous l’égide du Téthys Project en 2018-2019 et tenue par des institutrices du delta.
La culture du pavot, caractéristique des Hmông y est supplantée par celle de la cardamone, la fortune de Seo Lung. Les plantations s’étendent dans les sous-bois de la vallée centrale du Phu Tha Ca, à une heure de Seo Lung. La vallée centrale elle-même est aménagée en divers lopins où les H'mông cultivent le maïs et le riz de montagne, via d’étroites rizières irriguées ou des brûlis. En sus de ces activités agraires, les Hmông de Seo Lung séjournent régulièrement dans les forêts vaporeuses du Phu Tha Ca, jadis à la recherche de gibier (ours, fauves, rongeurs…), désormais essentiellement pour des produits sylvicoles et pour le bois de chauffe. Toutes les familles possèdent des cochons noirs parfois semi-sauvages et élevés avec soin, occis pour diverses célébrations ou vendus plus bas au marché ou dans les villages voisins.
